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Affichage des articles du novembre, 2025

Le Duel du XXIe siècle : Islam et Humanisme athée, ou l’affrontement des abstractions sans Médiateur

Le XXIe siècle s’avance comme un théâtre déserté par le Médiateur. Le Christianisme historique, qui portait la dialectique vivante entre le fini et l’infini, semble entrer dans une forme d’effacement. Ce retrait n’est pas simplement institutionnel, il est symbolique. La figure qui autorisait la reconnaissance réciproque entre Dieu et l’homme se fait silencieuse, presque translucide. Dans ce vide croissant surgissent deux puissances que tout oppose et qui pourtant se répondent : l’Islam, figure de l’Absolu indifférencié, et l’humanisme athée, expression d’un Sujet qui veut porter seul tout le poids de la transcendance qu’il a congédiée. Ces deux forces ne sont pas symétriques, mais elles sont corrélatives. Elles s’affrontent parce qu’elles sont les deux moitiés d’une totalité perdue. Leur antagonisme n’a rien d’un dialogue. C’est une collision frontale de principes incompatibles, des principes qui n’ont plus de médiation supérieure pour les ramener à la raison spéculative. I. L’Islam ...

Souveraineté et Économie: précisions constitutionnelles

 La question de la souveraineté, souvent traitée comme un simple problème de théorie politique ou de droit constitutionnel, ne saurait être comprise dans toute sa portée qu’à partir d’un cadre métaphysique rigoureux. Dans la tradition idéaliste, et singulièrement dans la philosophie hégélienne, la souveraineté n’est jamais un fait sociologique ou un artefact institutionnel : elle est un attribut du Spirituel , un concept qui relève de la philosophie première avant de relever de la science politique. Comme le rappelle Hegel, « der Staat ist die Wirklichkeit der sittlichen Idee »: « l’État est la réalité effective de l’idée éthique » ( Principes de la philosophie du droit , § 257). Cela signifie que toute communauté politique authentique trouve sa vérité dans une réalité plus haute qu’elle-même : celle de l’ Esprit , seul véritable souverain. I. La souveraineté comme attribut de l’Absolu Dans la tradition idéaliste, l’« Esprit » (Geist) désigne la réalité absolue qui se déploie à ...

Capitalisme, Mauvaise Infinité et Narcissisme théologique

L’intelligence philosophique, lorsqu’elle demeure fidèle à sa vocation spéculative, ne peut se satisfaire d’une description économique ou sociologique des phénomènes modernes : elle doit en dévoiler la profondeur spirituelle. Le capital n’est pas uniquement un système d’échange et de production ; il manifeste, sous sa forme la plus accomplie, une structure spirituelle, un Gestalt de l’Esprit objectif, c’est-à-dire une configuration religieuse de la société devenue autonome et idolâtrique. L’affirmation selon laquelle le capitalisme trouve sa cause motrice dans une « religion irrationnelle », soutenue par une mauvaise théologie , ne relève pas du paradoxe, mais d’une nécessité dialectique : la reconnaissance d’un Esprit devenu étranger à lui-même, d’un Logos qui, cessant d’être ordonné à la vérité, se renverse en principe de domination. Il s’agit d’un nihilisme actif et sociopathique , où la rationalité instrumentale, devenue absolue, a perdu tout lien avec la raison téléologique, ce ...

Fragment d'Anaximandre et Théodicée spéculative

« Les choses se rendent justice et se paient mutuellement la faute de leur injustice selon l’ordre du temps. »   Anaximandre, fragment DK 12 B1 Cette parole, la plus ancienne de la philosophie grecque, contient en germe tout le développement ultérieur de la métaphysique de l’histoire. En confiant au temps la charge de la justice, Anaximandre pressent que le devenir n’est pas chaos, mais ordre rationnel du juste . Ce que la Grèce archaïque entrevoyait encore sous la figure du destin ( moira ), Hegel l’élève à la clarté du concept : la justice est la structure métaphysique même du réel, le Logos en acte. Il ne s’agit plus, dans le système hégélien, d’un principe moral extérieur au monde, mais de la logique interne de l’être : la justice n’est rien d’autre que la rationalité immanente du devenir, la loi du Vernünftige selon laquelle tout ce qui est réel est rationnel, et tout ce qui est rationnel est réel ( Philosophie du Droit , Préface). Le monde n’obéit pas à une norme importée...

Inversion Sexuelle selon Freud et Obscurantisme Contemporain

Introduction Afin de produire une lecture rigoureusement dialectique, c’est-à-dire réaliste , de l’inversion sexuelle freudienne, il faut sortir du moralisme dogmatique et du matérialisme médical ordinaire. Le discours contemporain sur la sexualité oscille entre deux formes d’obscurantisme : l’un moral, qui condamne en nommant ; l’autre médical, qui neutralise en niant. L’un voit dans l’homosexualité une déviance, l’autre prétend qu’elle n’a aucun effet sur le psychisme, comme si l’être humain pouvait se comprendre hors de toute structure symbolique. Ces deux postures ont en commun d’effacer la profondeur métaphysique du sexuel. Contre cette double réduction, il s’agit ici de retrouver la lecture freudienne originelle de l’« inversion » : non pas un trouble, mais une structure d’expérience , un mode d’organisation du désir et du rapport à soi qui engage la totalité du sujet. Freud, dans les Trois essais sur la théorie sexuelle (1905), décrit l’inversion comme un phénomène univers...

Complément d'analyse: Islam et Sublimité

L e Réel de Lacan, le réel psychanalytique, n'est pas le réel philosophique. C'est le réel de la science positive, excluant la métaphysique. De là, deux conséquences: 1) la jouissance du sublime, comme contact sans médiation, sans logos, entre l'infini et le fini, est ce que Lacan nomme la jouissance autre. 2) Lacan définit la psychose comme une jouissance traumatique causée par un contact direct et sans médiation symbolique avec le Réel. Elle correspond à la Terreur selon Hegel ( Schrecken ), c'est lorsque nous sommes terrorisés par la matière brute sans médiation de l'Esprit. Autrement dit, c'est la Terreur du néant. Il faut savoir que le néant terrorise (d'où la Terreur révolutionnaire de 1789). Dans le sublime et la psychose, il n'y a pas de médiation symbolique et logique, le Christ-Logos ne protège pas le fini. Pour Hegel, l'islam comme religion de la sublimité est la religion constituée du sublime et de la psychose, car elle expose ses fidèles...

De la Sophistique apologétique de Matthieu Lavagna à la Méthode d’Immanence de Maurice Blondel : Critique de l’Extrinsécisme dans l'Apologétique

L’apologétique n’est philosophiquement recevable que si elle respecte la forme de la raison. Son objet, à savoir la justification rationnelle de la foi, ne saurait être atteint par un discours qui viole les règles de la méthode philosophique elle-même. Là où certains discours religieux prétendent faire œuvre philosophique tout en réduisant la raison à un simple instrument de persuasion, la tradition issue de L’Action de Maurice Blondel (1893) rappelle que toute apologétique valide doit procéder selon la méthode d’immanence, c’est-à-dire selon une analyse interne des exigences de la raison agissante. L’apologétique extrinséciste, dont certains auteurs contemporains, tel Matthieu Lavagna, offrent l’illustration typique, substitue à la philosophie un art sophistique . Ce type de discours confond persuasion et démonstration, et méconnaît la condition première du travail rationnel : que la vérité, pour être crue, doit d’abord être comprise selon ses propres conditions de possibilité. L’...

De la Logique hégélienne à l’Action blondélienne : la Sublimation philosophique de la Théologie

La philosophie post-kantienne se heurte à une tension constitutive : la finitude de la raison, d’une part, et l’exigence de l’Absolu, d’autre part. Contrainte de repenser le rapport entre spéculation et Révélation, elle ne peut plus concevoir la théologie comme une science annexe, ni la foi comme un domaine étranger au concept. C’est dans cette crise du rapport entre raison et transcendance que se manifeste, aussi bien chez Georg Wilhelm Friedrich Hegel que chez Maurice Blondel, un même mouvement structurel : la sublimation philosophique de la théologie . Celle-ci ne se confond ni avec une réduction rationaliste du dogme, ni avec une théologisation extérieure de la philosophie ; elle constitue une réconciliation dialectique où la Raison elle-même engendre la nécessité du mystère, et où la foi se révèle comme la forme achevée de la raison. La Révélation absolue comme vérité du concept Dans le système hégélien, la philosophie ne se contente pas d’interpréter les contenus religieux : el...

Le Masculin comme Fonction Symbolique : De la Caricature idéologique à la Violence sacerdotale du Sens

Dans la confusion contemporaine des discours sur le genre, l’apparition du masculinisme marque une régression du Logos à l’imaginaire. Cette réaction identitaire, qui prétend défendre le « masculin », en constitue en réalité la négation : non la manifestation d’un principe actif, mais le symptôme d’une perte de sens. Le masculinisme est au masculin ce que l’idolâtrie est à la religion : une fixation sur la figure au détriment de la fonction, une fétichisation du signe au détriment du signifiant. Le problème fondamental n’est pas l’existence du masculin, mais son désarrimage symbolique . Lorsque la société, dans son excès d’immanence, efface la transcendance du Nom-du-Père (Lacan, Séminaire III , 1955-1956), le principe masculin se vide de sa fonction spirituelle et devient caricature de lui-même. Il se réduit alors à une posture défensive, voire agressive, qui mime la puissance mais trahit une angoisse de castration symbolique. Le Masculinisme comme Symptôme : la Pulsion sans Loi L...